Mgr DAUCOURT, évêque de Nanterre
Pierre-Yves Materne, op, dresse la manière dont Mgr Daucourt, évêque de Nanterre, envisage la diaconie dans son diocèse.
Dans le diocèse de Nanterre, l’évêque a opté pour une équipe de "trois Veilleurs" au lieu du conseil diocésain de solidarité.
Mgr Daucourt a fait le choix de ne pas avoir de conseil diocésain de la solidarité. Son expérience révèle que ce genre de conseil est trop déconnecté de la réalité de l’Église sur le terrain. Il regroupe des acteurs qui échangent sur les questions et difficultés de leurs services. C’est une structure qui paraissait inadaptée. En lieu et place, l’évêque a nommé une équipe de trois Veilleurs (Diaconie, Parole, Liturgie), sans pouvoir de décision et sans que cela soit une nouvelle structure établie. Cette petite équipe est mobile, ils travaillent ensemble et ils vont d’un lieu à l’autre dans le diocèse. Ils ont un rôle d’information au service de l’évêque. Cela crée une dynamique transversale. Cette réalisation découle de la mise en évidence des trois tâches de l’Église, dans la Lettre aux catholiques de France et dans l’encyclique Deus Caritas Est. Chacun de veilleur est responsable d’une des tâches mais les trois travaillent de concert. Le fait d’opter pour une organisation souple permet de ne pas heurter les curés. On vient seulement leur rendre visite, voir comment ils vivent les choses, leurs difficultés.
Suite à l’Encyclique Deus Caritas Est, une cellule de veille a été crée par l’évêque. Il s’agit pour une part d’analyser les fragilités et d’autre part de sensibiliser les EAP à la diaconie. Cette « cellule Diaconie » comporte une dizaine de personnes. Elle est notamment chargée de la formation des EAP au « service de la vie des hommes ».
Vatican II rappelle que l’Église est un corps diversifié (différents charismes et un seul Esprit). L’Esprit vient aussi à travers les autres. Il faut développer la collaboration, l’aide et l’accueil mutuels. Les EAP sont donc les lieux de cette diversité et ont un rôle d’impulsion (faire faire). "Les trois tâches de l’Église doivent se nourrir les unes les autres. Ce ne soit pas trois tiroirs de la paroisse ! Ce sont les signes d’ecclésialité qu’il faut ternir ensemble. Nous sommes appelés à vivre la communion donnée par Dieu", estime l’évêque.
Alors qu’on demande pour avoir de nouvelles églises, l’évêque veut créer des lieux pour tous. En effet, précise le pasteur, "l’Eglise est là pour le monde, pour les autres, spécialement les plus pauvres. On risque toujours de rester une Eglise qui s’occupe d’elle-même". Il y a une Maison d’Eglise à La Défense (ND de Pentecôte) et une autre en projet à Boulogne (la Maison des familles), sans oublier la Maison de la Parole (à Meudon).
Mgr Daucourt invite à regarder tout ce qui se fait déjà dans les paroisses. Ensuite, il souligne que des fragilités sont déjà à l’intérieur des EAP. "Les équipes ne sont pas d’abord des structures d’organisation, elles doivent être des Petites Communautés Fraternelles de Foi (PCFF), où on prend soin les uns des autres". Ensuite, poursuit-il, "il faut se soucier des gens qui sont loin de l’Église, ou plutôt, « ceux dont l’Église est loin ». On est envoyé à tous, sans devoir se focaliser sur les chrétiens". « Sommes-nous condamnés à la coexistence avec les musulmans ? Nous sommes plutôt appelés à la fraternité ! » dit l’évêque.
Le service de la vie des hommes (diaconie) s’opère dans les organismes catholiques (locaux, services, mouvements) mais aussi dans les associations non confessionnelles. Il y a beaucoup de « pratiquants de l’Évangile », plus que de pratiquants des sacrements. Il ne faut pas dévaloriser ceux qui s’engagent dans des secteurs peu religieux (syndicats, par exemple). Les chrétiens doivent aller au cœur du monde, de la société. Pour l’évêque, la vocation première des laïcs consiste à être « la lumière du monde », plus que pas la lumière de l’Église. Bien évidemment, il faut aller boire à la source (vie spirituelle) pour avoir quelque chose à partager.
Pierre-Yves Materne, op., 2011.