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Saint Damien de Veuster (1840-1889)

25 avril 2017
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Saint Damien de Veuster, apôtre des lépreux 1840- 1889

« Un étrange bonheur »

Missionnaire sur une île perdue du Pacifique, le père Damien a vécu avec les lépreux. Dans cet enfer de désespoir et de misère morale, il a réussi à façonner une communauté fraternelle. Prêtre des Sacré-Coeurs de Jésus et Marie (Picpus), Il a été canonisé le 11 octobre 2009.

Contexte

Le XIX° siècle est le siècle d’un changement de monde. Emancipation des nations, naissance du royaume de Belgique en 1830, une révolution politique et nationale animée par des catholiques belges, surtout flamands, soutenus par leur clergé.

Les catholiques veulent prendre acte du monde nouveau qui s’ouvre : découverte de la science et progrès techniques. La révolution industrielle s’étend dans toute l’Europe et en Amérique du Nord. Un seul mot d’ordre : le progrès !

Les explorations se multiplient dans le monde dans la deuxième moitié du XIX° siècle. Colonisation en Afrique doublée d’une évangélisation protestante et catholique. Congrégations missionnaires nombreuses, actives et vivantes d’autant plus que la politique des gouvernements anticléricaux freine les initiatives religieuses en Europe même.

Sa vie

Joseph De Veuster naît le 3 janvier 1840 dans le village flamand de Tremolo, près de Louvain. Joseph travaille dans les champs à 13 ans. Il s’adapte très tôt à de nombreux métiers comme le font les agriculteurs.

Dès l’âge de treize ans, Joseph arrête ses études pour aider ses parents à la ferme, où il travaille pendant quatre ans. Toute sa vie, il aimera la vie au grand air et les travaux manuels.

A dix-huit ans, il est envoyé à Braine le-Comte en Wallonie pour s’initier au français et parfaire ses connaissances. On a besoin de lui à la ferme pour le négoce des graines. Pendant ce temps, son frère Auguste est entré au noviciat des Pères des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie à Louvain, sous le nom de frère Pamphile.

Joseph prie beaucoup, réfléchit et exprime son désir de rentrer dans les ordres. Il veut aller vite, il voudra toujours aller vite… Il dit à ses parents : « Ne vous mettez pas en travers. Dieu m’appelle, je dois obéir. Je m’exposerais, en refusant, à me perdre pour l’éternité. Quant à vous, Dieu vous châtierait de vous opposer à sa volonté ».

Joseph rejoint le noviciat de la congrégation le 2 février 1859, sous le nom de frère Damien. Il veut être prêtre mais son bagage intellectuel est jugé trop faible. Il sera frère de chœur. Il est tenace, il se met au latin avec l’aide de son frère, il fait des progrès. Ses grandes capacités d’apprentissage et son esprit vif lui permettent de s’orienter vers la prêtrise. 

Dans la prière, Damien demande l’intercession de saint François-Xavier pour être envoyé en mission. L’occasion se présente très vite, lorsque son frère Pamphile, atteint du typhus, se trouve empêché de partir par la maladie : Damien se propose à ses supérieurs pour le remplacer. Il écrit directement au supérieur général pour arriver à ses fins et passe avant d’autres qui voulaient partir…

Il embarque comme missionnaire le 9 novembre 1863 (arrivée le 26 mars 1864) pour les îles Hawaï. Damien est ordonné prêtre très peu de temps après son arrivée par l’évêque du lieu. On a besoin très vite de toutes les recrues. Sa vigueur, son zèle et sa piété contrebalancent son manque de formation !

Missionnaire

Il est envoyé sur l’île principale d’Hawaï auprès des chrétiens des paroisses de Puno et de Koala, « dans un pays corrompu, hérétique et idolâtre ». Pour se faire plus proche d’elles, le Père Damien apprend le canaque. Sur le territoire étendu qui lui est confié, inlassablement, il rend visite aux malades et aux personnes isolées, il fait le catéchisme, il construit des chapelles et des écoles, il forme des "chefs de prière" dans les villages éloignés. Déjà il souffre de solitude et réclame un confrère.

La lèpre fait rage. On recense tous les lépreux et on les envoie, par force s’il le faut, sur une île volcanique et inabordable, Molokaï. La vie n’y est pas humaine, pas de travail, pas d’avenir, pas d’enterrement. « En ce lieu, il n’y a plus de loi », panneau d’accueil des nouveaux. Tous les essais de gestion de l’île ont été un échec ; le roi demande un prêtre. « Me rappelant que j’ai été mis sous le drap mortuaire le jour de ma profession religieuse, me voici prêt, Monseigneur à m’ensevelir tout vivant avec ces infortunés. J’en connais d’ailleurs plusieurs. »

La presse commente le départ de Damien, l’amplifie ; les autorités locales le félicitent ; une souscription est ouverte… Ses supérieurs auront une « nécessité morale » de le laisser à Molokaï. Il débarque à 33 ans, le 10 mai 1873, et il y passera le reste de sa vie.

Les premiers contacts avec les lépreux sont difficiles : "Leurs doigts et orteils sont quasiment mangés et exhalent une odeur fétide, leur haleine également empoisonne l’air. J’ai beaucoup de peine à m’y habituer… Ils sont hideux à voir". Sans aucune compétence médicale, il ne peut d’abord leur offrir que sa présence affectueuse et les sacrements de l’Eglise. "Du matin au soir, je suis au milieu des misères physiques et morales qui navrent le cœur, cependant, je tâche de me montrer toujours gai afin de relever le courage de mes infirmes… Mon plus grand bonheur, ajoute-t-il, est de servir le Seigneur dans ces pauvres enfants malades, repoussés par les autres hommes."

Cet homme qui vient pour sauver « ces pauvres lépreux », actif, généreux, sûr de lui vit une transformation profonde. D’un positionnement surplombant, il passe à un partenariat, une amitié et il va s’exprimer en disant « nous autres lépreux ». Ce changement profond, sur lequel il a été très discret ne sera plus jamais remis en cause.

A partir de là, Damien déploie, comme toujours une énergie considérable. Il prend soin des corps et des âmes. Il découvre que c’est tout l’homme qu’il faut sauver, pas seulement son âme. Il vit dans le souci constant du bien-être physique des lépreux.

Il souffre terriblement d’être éloigné de ses frères prêtres et de ne pas pouvoir se confesser aussi souvent qu’il le voudrait. Son isolement et sa solitude sont imposés au début à cause de la contagion, mais on a l’impression que ses supérieurs lui font payer ses réussites et son succès. Il est connu des médias… ses lettres sont publiées dans des journaux de la propagation de la foi, en France, en Angleterre, etc.

La maladie

En vivant si proche des lépreux, il finit par attraper la terrible maladie, qui le défigure. Pas par choix, par nécessité. Passage du « nous lépreux » à moi lépreux. Difficile, il est ébranlé au fond de lui-même. Il ne baisse pas les bras mais redouble d’ardeur et de dynamisme pendant les dernières années de sa vie, avant qu’il ne soit trop tard….

Sa maladie a une répercussion dans le monde entier.

"Je tâche de porter ma croix avec joie, comme notre Seigneur Jésus Christ". Le Père Damien meurt le 15 avril 1889, lundi saint, à 49 ans, « heureux de mourir en enfant du sacré cœur ».

Aujourd’hui ?

  • Un homme religieux de son temps qui a su se laisser provoquer par le monde tel qu’il le percevait, qui a su se laisser interroger par ce qu’il constatait, qui a intégrer tout cela et s’est adapté, s’est inculturé.
  • Il a vécu la réciprocité humaine et spirituelle. Il s‘est laissé atteindre par les lépreux avec qui ils vivaient. Une véritable conversion, une effusion de l’Esprit qui lui a été donnée parce qu’il a ouvert son cœur et s’est laissé atteindre.
  • En se laissant atteindre par l’homme, il s’est laissé atteindre par Dieu. Il a vécu sur une île au fin fond du Pacifique, il n’en est jamais sorti, il est connu du monde entier. Il est resté libre, fidèle à sa foi, au milieu de beaucoup de contraintes

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